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Se Rendre à l'Évidence…!

La beauté dure et tranchante du froid, de l'eau et du vent.

9 janvier 2020


Au moment où j'écris ces quelques lignes, je n'ai aucune idée si un jour quelqu'un les lira... Peut-être que oui, peut-être que non. Mais un besoin de mettre noir sur blanc ces mots me poursuit. Je croyais bien écrire tout ça dans un petit cahier, avec du beau papier, une belle couverture noire, et enfouir le tout bien loin dans un tiroir, sous les boxers et les bas propres. Mais finalement, en discutant avec une de mes filles l'autre soir, en mangeant, elle a soulevé un point, celui que peut-être qu'au moment d'écrire ces lignes, j'aurais peut-être préféré les lire, de la main de quelqu'un d'autre, et de savoir que je ne suis pas seul à vivre ce moment, cette mini catastrophe personnelle. Bref, je n'ai pas trop l'habitude de mettre à jour, pour tous, mes pensées. Je me dis en fin de compte que c'est peut-être simplement une façon d'essayer de continuer d'avancer dans le brouillard en fin de compte.


Donc, je suis un coureur... un coureur d'endurance, un coureur de trails, un coureur d’Ultratrails... mais pour le moment plutôt un coureur de trails blessé, un coureur stoppé, un arrêt indéterminé au ravito.


Il y a quelques mois, j'ai subi une fracture de stress au pied gauche, ou fracture de fatigue, en plein milieu du pied. C'est du moins le constat de mon physio sportif, qui traite toutes mes blessures et/ou faiblesses depuis quelques années maintenant. La bête noire du coureur. La fracture de stress est une micro-fissure qui dans mon cas se produit sur un des métatarses du pied, les petits os longitudinals qui apparaissent quand on relève les orteils vers le ciel. Comme je n'avais jamais subi cette blessure auparavant, j'ai mis un certain temps à la prendre au sérieux. Je suis actuellement en arrêt complet de course depuis six semaines. Six interminables semaines. Nous sommes en janvier et je sens cette douleur depuis juillet dernier. Mais comme un vrai coureur, un vrai coureur obstiné, puisque pour être un coureur qui se respecte, il faut également être très obstiné. Et pour être un coureur d'Ultratrails l'obstination doit faire parti tout simplement de votre ADN.


J'ai beaucoup minimisé mon mal et ma blessure, ce qui me vaut aujourd'hui d'être à l'arrêt complet, et de ne pas être dans les sentiers, de ne pas pouvoir profiter de ce lien avec les éléments, avec la nature, avec les vrais choses de la vie et de la terre. L'hiver est de loin ma saison de course préférée, j'adore courir sur la neige, dans la neige, sous la neige, face à la neige. Sentir le vent, le froid cingler mon corp, les flocons caresser mon visage, entendre chanter et craquer les arbres à mon passage et le sol sous mes pas, sentir les sons étouffés de ma foulée par l'isolation que procure la neige. Me sentir vivre dans cette nature, dans ce monde.


Évidement, c'est une période difficile pour le moral et pour le corp qui s'ankylose tranquillement. Puisqu'en ce moment, il m'est interdit de courir, de marcher sportivement et de faire du vélo, ni rien qui ne provoque une pression ou un choque sur mon pied gauche. Il me reste la natation pour garder le cardio alerte et actif. Mais la natation c’est très compliqué a organiser, trouver une piscine, vérifier les horaires, trouver la plage horaire qui correspond, prendre la voiture, s'y rendre, se changer, prendre une douche, faire son entrainement, prendre une douche, se sécher, se rhabiller, reprendre la voiture, aller travailler. Et encore un peu plus compliqué avec mon travail. Métier qui actuellement me fait beaucoup voyager. Donc la mission "trouver une piscine à l’étranger" et y accéder aux heures disponibles n'est pas toujours une simple affaire. Bref je m'ankylose les muscles, mais le moins possible l'esprit.


Je pense beaucoup à mes course futures, à mes entraînements futurs, à mes futurs défis. Maintenant que j'ai pris l'habitude de convertir mes anciens temps d'entraînement en lavage de vaisselle, en ménage, en rangement de la maison, en lunch pour le dîner de mes filles, en préparation du souper pour la famille. Je commence à vraiment réaliser l'ampleur de mon emplois du temps « sportif ». Mais clairement se sont ces grands moments de détente mentale et d'efforts que sont les l'entraînements qui me manque le plus. Courir, c'est mon yoga pour l'esprit, c'est ma méditation pour le corp, c'est mon overdose d'oxygène, c'est ma symbiose avec les éléments, c'est ma santé mentale et physique, c'est mon équilibre, c'est mon stabilisateur, c'est devenir un champion pour toi même un mardi matin gris et pluvieux, c'est la tape dans le dos quotidienne qui te fait commencer ta journée comme un Spartiate et la finir comme un X-men.


A l'aube de la quarantaine, il y a déjà quelques années de ça, j'ai eu quelques début de problèmes de santé, rien de bien grave, mais des problèmes qui démontraient clairement que si je gardais ce régime de vie, les prochaines quarante années à venir ne serait pas aussi excitantes et fabuleuses que les quarante premières. J'ai alors pris la décision toute simple, que pour passer la quarantaine et vivre les quarante prochaines, que j'allais devenir un super-héros, que je devais devenir un super-héros. Juste ça, un simple super-héros. Le faire pour moi, pour qu’à mes yeux je sois ce super super-héros. Et comment devient-on un super héros? Simplement en faisant de super chose. Comme courir super longtemps, super loin, sur des terrains super difficiles.


Comme tout le monde, j'ai commencé simplement à courir. Mettre ses chaussures de course, sortir dehors et courir. Mettre un pied devant l'autre. Quoi de plus simple. Rien d'héroique dans cela. Courir une fois, deux fois, trois fois par semaine. Courir un, deux, trois kilomètres à la fois. Puis un matin, courir son premier quatre kilomètres et pour la première fois avoir la sensation de peut-être, être le super-héros que tu voulais devenir. Et pourquoi? Parce que tu as couru quatre kilomètres?... Euh oui, exactement pour cette raison. Et également parce que la semaine suivante, tu cours ton kilomètre le plus rapide de toute ton histoire. Et puis parce que le mois suivant, tu cours ton premier cinq kilomètres, et ainsi de suite... jusqu'au prochain but, jusqu'au prochain record personnel. Tout cela pour te rendre compte que tu commences à courir vite et très longtemps et très souvent. Il faut se rendre à l'évidence, c'est clairement le super-héros en toi qui prend forme, qui prend vie et c'est bon, très bon comme sensation… Super bon...


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